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RECHERCHES SUR MOLIÈRE.
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1ière mourut pauvre; il suffit, pour bien juger sa position, de comparer avec M. Pierre Clément1 la différence de la valeur de l'argent dans la seconde moitié du dix-septième siècle et au moment présent; cette valeur a quintuplé. Ainsi les huit cent soixante-dix livres trouvées chez Jean Poquelin après son décès, représenteraient de nos jours quatre mille trois cent cinquante francs; la maison qu'il possédait, et pour la reconstruction de laquelle Molière lui avait fourni une somme équivalant à cinquante mille francs, était louée en 1654 six cents livres, c'est-à-dire trois mille francs. On doit donc plutôt se représenter le père de Molière, dans les dernières années de son existence, comme un vieillard morose, un peu avare, n'ayant pas réussi dans ses affaires, ne pouvant pardonner à son fils aîné d'avoir quitté son nom et sa profession pour devenir comédien, rejetant les offres que dut lui faire ce fils à plusieurs reprises et enfin le réduisant à se cacher pour lui venir en aide.
Si la noble conduite de Molière envers son père n'était pas suffisamment constatée par les documents qui précèdent, on en trouverait une nouvelle preuve dans la différence qui existe entre le prêt de dix mille livres fait par Molière à son père sous le nom de Rohault et celui de onze mille qu'il fait directement à Lulli2. Bolière avait gardé chez lui, contre toutes les habitudes reçues, les minutes des contrats passés entre lui, Rohault et Jean Poquelin, tandis que la minute de l'acte passé avec Lulli reste déposée, suivant l'usage, chez le notaire qui l'a dressé. Lulli avait acquis, les 28 mai et 13 juin 1670, un terrain « faisant l'une des encoignures des rues des Petits-Champs et de Sainte-Anne » et, le 25 juillet suivant, avait passé avec Jean-Baptiste Predo, « architecte et maître maçon à Paris », un devis et marché pour la construction d'une maison sur ce terrain, moyennant quarante-cinq mille livres8. Le « surintendant et compositeur de la musique de
1. Lettres, Instructions et Mémoires de Colbert, pages cli-cliv.
2. Documents n°- XXXVIII et XLV, cote deux.
3. Cette maison qui existe encore porte le n» 45 du côté de la rue Neuve-
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